05 août 2007

Georges Simenon et la Vendée - Vendée

En 1932 - il a vingt-neuf ans -, Simenon découvre une gentilhommière du XVIe siècle, La Richardière, près de La Rochelle, à Marsilly (route de La Richardière). Il en est locataire jusqu’en 1934. Il connaissait déjà la région. Amateur d’hôtels (il y disparaissait régulièrement pour échapper à son entourage), il avait écrit Le Fou de Bergerac en avril 1931 à l’Hôtel de France de La Rochelle.

À La Richardière, Simenon est heureux en famille. Il s’entoure d’animaux (il achète même deux loups dont il sera obligé de se séparer), se rend à cheval au marché de La Rochelle. L’architecture, les gens, la ville lui plaisent tellement (ainsi que le café de la Paix sur la grand-place) qu’ils imprègnent Le testament Donadieu, Le Voyageur de la Toussaint, Les fantômes du chapelier et une quinzaine d’autres nouvelles et romans. Il ne tient pas en place pour autant : un grand reportage en Afrique, entre autres pour le magazine Voilà, l’”hebdomadaire du reportage”, puis un voyage dans l’Europe de 1933, qui lui donne l’occasion de croiser plusieurs fois Hitler à Berlin… et Trotski à Principo, dans la Mer de Marmara, quelques séjours à Porquerolles, où il trouve le calme suffisant pour écrire, puis un tour du monde en 1935 pour oublier ses déboires d’enquêteur raté dans l’affaire Stavisky-Prince… Il s’embourgeoise - il a un appartement à Neuilly depuis 1935 - mais ne fréquente pas ses collègues écrivains. Pour l’été 1938, les Simenon louent une propriété à Nieul-sur-Mer. Au printemps, ils en deviennent propriétaires en même que naît un premier enfant, Marc. En septembre 1939, la déclaration de guerre les bloque à Nieul. Il reçoit mission en mai 1940 d’ouvrir pendant trois mois un centre d’accueil pour des réfugiés belges à La Rochelle.
Son principal souci est ensuite de retrouver le calme pour écrire -d’autant plus qu’il croit que, en dérivatif à la guerre, les français vont se plonger dans ses romans…
Les Simenon s’installent dans une ferme de la forêt de Vouvant, en Vendée, à la fin de l’été 1940, puis à Fontenay-le-Comte, en automne, au château de Terre-Neuve, où ils vivent… une vie de château pendant deux ans, recevant amis, producteurs de films,… Afin d’apaiser les rumeurs que ce train de vie suscite, les Simenon emménagent en 1942 à Saint-Mesmin, toujours en Vendée, puis, en 1944, au hameau proche de la Roche-Gautreau.

Automne 1944. Les Roches noires, hôtel-pension à l’angle de la rue des Rochers et de la promenade Georges Clémenceau, aux Sables d’Olonne, accueillent l’écrivain pour soigner une pleurésie… et parce qu’il y est assigné à résidence, le temps qu’on éclaircisse son rôle dans la région pendant la guerre. Il en profite pour dévorer Aragon, Zola, Proust et Balzac… et Chandler, Hammett, Mac Coy…
En avril 1945, il est lavé de tout soupçon et arrive à l’hôtel Claridge à Paris, pour regagner quelques jours plus tard son appartement de la place des Vosges. En quelques semaines, pour fuir le monde politique français autant que pour lutter avec Hemingway, Faulkner et Steinbeck sur leur propre terrain, Simenon organise le déménagement de sa famille aux Etats-Unis, où ils vont vivre dix ans.

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